Santé et ITS

 

Les infections transmissibles sexuellement. Un sujet difficile mais inévitable, et surtout une source d’inquiétude et d’insécurité qu’on ne peut pas ignorer. Les ITS souffrent plus de notre ignorance collective que de la réelle complexité de les gérer. 

Chlamydia, gonorrhée, herpès, VIH, et tous les habituels suspects qui ont meublé l’éducation sexuelle de quiconque était à l’école dans les années 80 et 90, ne sont pas des problèmes d’autrefois, même si le contexte scientifique a beaucoup évolué. On pourrait en dire long sur la façon dont la sexualité a essentiellement été présentée comme un danger de tous les instants pour toute une génération, mais on remarque aussi que chez les plus jeunes, le soucis de la protection et de la prévention ne semble pas opérer aussi efficacement. Quoi qu’il en soit, le sujet est sérieux, mais pas nécessairement compliqué: il convient de l’aborder sans idées préconçues et de lui laisser la place qui lui revient, ni plus ni moins.

La science

L’aspect physiologique des ITS est plutôt simple. Il n’y a pas vraiment place à débat, la science ayant ceci de fascinant qu’elle est vraie peu importe notre opinion sur le sujet 🙂
Se faire tester, c’est la base. Peu importe votre situation: en couple, abstinent, monogame, whatever, un dépistage c’est le point de départ, la fondation de votre santé sexuelle. Et mentale, on va y revenir.
Messieurs, fini les tests urétraux si agréables… Mesdames, pas besoin d’invasion gynécologique non plus. Beaucoup de cliniques font désormais un « package » de dépistage avec une prise de sang, un échantillon d’urine et de salive. Certaines cliniques offrent même de l’auto-prélèvement, ce qui confère à l’exercice une efficacité plutôt spectaculaire. La clinique Prelib par exemple, offre des rendez-vous aux 15 minutes, parce que c’est essentiellement le temps que cela prendra à compléter l’opération. 15 piasses, 15 minutes ! Pas d’excuses ou de phobies donc, il faut moins de temps pour se dépister que pour attendre au Starbucks. Et c’est moins cher aussi 🙂
Messieurs vasectomisés, prenez aussi un moment pour faire un spermogramme de temps en temps si vous jouez avec des partenaires sans protections. C’est bien de faire confiance à votre chirurgie, mais le test est bien assez simple – et agréable ! – pour s’offrir le luxe de rassurer toute partenaire féminine 😉

La prévention

Vous êtes testé négatif. Good ! On fait quoi maintenant ? On garde ça comme ça !

Nouveau partenaire ? Test.

Soirée en groupe ? Test.

Nouvelle pratique ou activité ? Test.

Test ? Test.

Ça sonne facile, mais y’a des pièges: la quête du plaisir se traduit souvent dans l’urgence. Le désir n’aime pas attendre et le réel danger c’est d’escamoter l’échange, de passer droit sur le dialogue. En plus, pour qui a un peu d’expérience, le sexe sans condom est à ce point meilleur que la tentation est forte. Qui aime sucer un bout de plastique ? Qui préfère sentir le contact du latex plutôt que de la peau ?
Le dialogue est donc la vraie arme de prévention ici, plus encore que les moyens techniques. Comme dans tout le reste du monde libertin, la transparence et l’honneteté sont essentiels. Et comme dans tout le reste du monde normal, on ne peut pas toujours compter dessus.
« Ton test date de quand ? » n’est pas tant une question temporelle: si vous l’aviez fait il y a 20 ans avant d’entrer au cloître, il est toujours d’actualité. Si c’était il y a 3 semaines, et que 12 dates Tinder vous ont rendu visite depuis, il est largement périmé 🙂
Dans tous les cas, en privé, en soirée, en Club, il faut DE-MAN-DER.

La prise de risque

On fait quoi avec la réponse maintenant qu’on a demandé ? On gradue le risque, on évalue notre niveau de confort. Rappel amical que le risque zéro n’existe qu’avec vos bobettes à leur place: dès qu’elles sont sur le plancher, il faudra gérer la situation.
La réponse vaseuse « Ouais, ouais, chuis safe… » mérite l’armure complète, voire de passer au prochain appel. Quiconque dans l’univers libertin ne prends pas les ITS au sérieux risque d’avoir des enjeux avec les autres principes fondationnels, tel que le consentement.
La réponse « la semaine dernière, en prévision de ce soir » mérite que volent les vêtements et que s’enflamment les corps, parce que des partenaires qui prennent le temps de se tester et de s’abstenir entre le test et les jeux prévus, ce sont des gens qui méritent de jouir, beaucoup, fort et souvent 😈

Entre les deux, il y a tout un univers de prises de décisions, entièrement personnelles, qu’il vaut mieux avoir réfléchi d’avance plutôt que de se retrouver « sur le spot » à décider de la suite de notre rencontre…

Des fois les beaux principes deviennent plus clairs lorsque mis en contexte. Je vous partage mon régime à moi, qui reflète ma gestion du risque et donc qui n’a comme valeur que celle d’un exemple parmi tant d’autres:

    • pas de pénétration vaginale avec une partenaire sans historique de test
    • pénétration vaginale avec condom s’il y a eu test mais qu’il y a eu d’autres partenaires
    • pénétration vaginale sans condom s’il y a eu test exclusivement pour moi
    • je donne le sexe oral à qui a été testé, même s’il y a eu d’autres partenaires
    • je reçoit le sexe oral sans soucis de test
    • pénétration anale seulement avec condom, peu importe le scénario (juste Chérie qui a droit à ce plaisir « au naturel »!)

Ainsi, en club, je vais privilégier le sexe oral, il y aura rarement de pénétrations. En privé, je vais toujours essayer de coordonner des tests exclusifs, i.e. qu’il n’y aura pas d’autres partenaires entre le test et la partie de jeux. Et là, on se baise comme si notre vie en dépendait. Le sperme, la cyprine, la salive, tout revole partout. Et c’est merveilleux 🙂
Et vous, quelles sont vos réponse à vous sur ces points ? Quelles sont vos limites ?

La psychologie

L’aspect qui balance la question physiologique, c’est la question psychologique. Tout aussi importante, elle peut devenir un mur infranchissable si on ne prends pas le temps de la gérer avec le respect qu’elle exige.

Certaines personnes n’ont jamais dépassé une limite de vitesse, ne mangent rien passé la date d’expiration et se lavent les mains après chaque poignée de main. L’impact psychologique de la gestion de risque peu être fatal à une soirée de plaisir pour qui n’a pas pris le temps de se poser des questions, de valider sa tolérance – ou intolérance – au risque. N’attendez pas la dernière seconde pour réfléchir et discuter d’une question qui a des conséquences très réelles et potentiellement très graves.

Souvent, cette réflexion va apporter d’autres sujets ou d’autres aspects à explorer de votre sexualité. Est-ce que je suis à l’aise de pénétrer ou d’être pénétrée dans un contexte de club ? Est-ce que le risque du sexe oral me convient assez pour m’y abandonner ? Si je suce cette homme, sans condom, est-ce que je suis prêt à ce qu’il éjacule dans ma bouche ? Si je me fais pénétrer sans condom, c’est permis d’éjaculer en moi ? Ne perdons pas de vue que même frencher comporte un degré de risque d’ITS. Il n’y a donc pas de « graduation » des activités, mais bien une graduation des risques et de notre paix intérieure avec ces choix 🙂

 

Le risque zéro n’existe pas. Point. C’est une phrase à se répéter, beaucoup et souvent. Oui, la quête du plaisir, quel qu’il soit, engendre un inévitable risque. La même philosophie s’applique au parachutisme ou au bungee, mais c’est infiniment plus beau de voir des corps en plein orgasme 🙂

 

Références:

https://www.msss.gouv.qc.ca/professionnels/statistiques-donnees-sante-bien-etre/flash-surveillance/itss-et-sante-sexuelle-des-quebecois/
https://prelib.com/
https://www.inspq.qc.ca/publications/3533