Chérie

 

Créature mythique, objet de (presque) tous mes fantasmes, femme parfaite et partenaire d’aventure des 20 plus belles années de vie. C’est-tu pas pire comme introduction ?

 

Chérie apparaît régulièrement dans mes réflexions ou mes discussions parfois de façon proactive, parfois de façon passive, puisque sa présence dans mon quotidien la place au centre de mon exploration. Chérie c’est une femme professionnelle, brillante, simple, pas simplette, Chérie est gouvernée par ses valeurs, qu’elle sait pourtant ne pas suivre aveuglément sans les remettre en question régulièrement, toujours dans l’espoir d’être la meilleure personne possible sans jamais trahir le fondement de sa personne.

 

Bref, elle est parfaite donc.

 

De 6 ans ma cadette, Chérie et moi avons une asymétrie sexuelle qui a été observée dès nos débuts. Je l’ai connue à la fin de mes années folles, alors qu’elle ne les avait pas encore entamées. Comme beaucoup d’entre nous, Chérie n’a eu que très peu de temps dans l’espace privilégié de la découverte de soi qu’offre la jeunesse sans responsabilités et sans soucis. La vie – mais aussi les conventions sociales – nous ont  ensuite pilotés vers les objectifs convenus mais pourtant jamais discutés: maison, enfants, jobs payantes, 2 autos au garage…  Et comme pour beaucoup, cocher ces cases d’une liste que nous n’avions pas rédigé n’a pas produit le bonheur tant attendu.

 

Puis, au hasard des petites déceptions qui s’accumulent, qui s’agglutinent pour former tranquillement une masse visqueuse de regrets, prête à pourrir au point d’en devenir du ressentiment, la sexualité de notre couple s’est imposée comme conversation. Prêt à tout, j’ai risqué le sujet de l’ouverture dans un état de désespoir qui me voyait prêt à payer le prix de son amour, à nous voir déchirer notre vie commune, tant le manque, l’absence d’une sexualité riche et bienveillante me manquait. Dans ce saut dans le vide, j’avais tout prévu sauf une chose, une phrase de Chérie : « moi aussi ».

 

Ainsi, Chérie n’a pas failli à être ouverte, responsable, accueillante mais aussi méfiante, prévoyante, prudente. En acceptant d’ouvrir le dialogue sous des angles précis, elle a permis qu’on échafaude nos échanges, nos conversations de façon à ce qu’on puisse bâtir dessus. Pas de soirées folles le lendemain, pas d’orgie-anniversaire, pas de « ma meilleure-amie-et-moi ». À la place, un cheminement à deux. Une longue route pleine de détours, parsemée d’orgasmes, de cris, de sueur. D’embûches aussi. De déceptions, de leçons amères, de blessures même parfois, mais toujours avec douceur, bienveillance et surtout, amour. Chérie est la meilleure protection contre moi-même. Une police d’assurance que notre exploration ne se fasse jamais au prix de ce qu’on a de plus cher, elle et moi.  

 

Chérie, c’est une partenaire extraordinaire qui a accepte avec amour et bienveillance les aléas, pour ne pas dire le chaos, de la vie avec un neuro-divergent notoire. Chérie, c’est une ancre qui tombe pour ralentir, pour s’arrêter même, avant de s’échouer sur les récifs des choix douteux. Chérie c’est le vent puissant et constant, qui gonfle les voiles de notre bonheur familial pour qu’il file à vive allure sur la mer déchaînée de la vie quotidienne. Chérie c’est une équipière de vie irremplaçable, la mère parfaite d’enfants parfaits, l’ingrédient miraculeux d’un bonheur qui a un goût de gros lot au 6/49.

 

Fusionnels ? Inséparables ? Non, pas une miette. Chérie est aussi férocement indépendante que je le suis, un mécanisme absolument nécessaire pour que jamais la personnalité de l’un ne digère celle de l’autre. Nous avons la chance – oui, c’est absolument une chance – de se quitter régulièrement au cours de l’année pour des voyages ou des déplacements professionnels, ce qui permet de se ressourcer individuellement mais aussi de s’ennuyer de l’autre et de s’offrir le bonheur immense de la réunion à notre retour.

 

Notre histoire n’est pas nécessairement typique mais n’est certainement pas extraordinaire. Elle n’est absolument pas parfaite non plus. Pas blindée, pas bétonnée, pas indestructible. Mais l’amour et l’attention qu’on y porte la rend solide, et parce qu’on l’entretien, parce qu’on ne la prend pas pour acquise, on pense qu’elle pourrait nous tuffer encore au moins un autre vingt ans. On verra après 😉

 

Dans mes textes, vous trouverez le partage de notre histoire avec autant de pudeur que d’exhibitionnisme. On vous en offre des morceaux choisis en souhaitant, qu’à votre façon, ils pourront vous être utiles dans votre propre réalité.

 

Je t’aime mon amour.